Carte sur table

Récit d'une cinquième semaine d'arpentage avec l'École Parallèle Imaginaire

Définir les espaces, relier les fragments, resserrer le récit. À cinq mois du ParadiseFest qu’ils inventent dans la commune de Remouillé, les membres de l’École Parallèle Imaginaire basculent petit à petit de l’imagination à la conception, des possibilités aux choix, de l’arpentage à l’assemblage.

Une grande carte aérienne de la commune, une feuille de papier calque, des feutres, des dessins de fleurs, des totems animistes, quelques chocolats, des restes de décoration de Noël, des livres, des plans de parcelles, du scotch… Quand je rentre dans la salle de la République adossée à la mairie de Remouillé, Simon, Léa, Guénolé et Guillaume l’ont déjà bien investie et sont en pleine discussion. Comment on se retrouve ? Qu’est-ce qui se raconte ? Pourquoi on a besoin de partir à un moment ? Prendre la conversation en cours est déroutant mais je me doute rapidement que ce on fait référence aux habitants de Remouillé et aux curieux qui viendront participer au ParadiseFest le 3 juin.

Ce matin, les quatre membres de l’École Parallèle Imaginaire parlent déambulation, visite, procession, circulations. Ils réfléchissent au déroulé de la fête, à la dramaturgie, à l’histoire qui reliera tous les fragments artistiques.

DSCF0344

Et c’est pour continuer d’écrire cette histoire, qu’après le déjeuner, Guillaume s’isole dans la salle pendant que les trois autres repartent arpenter le village. Simon remonte le bourg pour retrouver au pied de la Chapelle Garreau Caroline (chargée de médiation au Grand T), Erell (coordinatrice du Projet Culturel de Territoire) et surtout Cécile Liège. La productrice sonore va travailler autour de la thématique du paradis et de la symbiose avec des élèves de 4e du collège Rosa Parks de Clisson qui dévoileront leurs créations quelque part dans Remouillé pendant le ParadiseFest. Près du lavoir où ils s’arrêtent quelque temps les pieds dans l’herbe trempées, à l’abri dans la chapelle, dans le vestige d’un jardin suspendu ? Simon, qui commence à connaitre le village sur le bout des doigts, la plonge dans l’histoire de la commune, ses légendes, ses récits.

De leur côté, alors que le soleil perce enfin, Léa et Guénolé sillonnent les rues venteuses armés d’un appareil photo et d’un long mètre ruban à la recherche d’espaces qui pourraient maintenant, alors que les propositions artistiques se dessinent, accueillir les différents morceaux du ParadiseFest. Pourquoi pas une scène sur le perron de l’église, ici le bar, là le banquet ?

Le groupe se retrouve et Léa, Simon et Guénolé accordent deux heures supplémentaires d’écriture à Guillaume, le temps pour eux de rencontrer Jérôme Letourneau (maire de Remouillé) accompagné d’Ophélie Concy Lair (nouvelle adjointe à la culture) et de Stéphanie Angelard (directrice générale des services). Dans la grande salle de la mairie, on bouscule le mobilier pour faire une place à la carte de la commune sur lesquels ils se penchent tour à tour. Les doigts qui filent le long des rues, ils s’intéressent à ce qui est visible, les monuments, les places, les rues, les jardins et même à ce qui est invisible en questionnant le réseau de souterrains qu’aurait inventé l’architecte Jean-Pierre Garreau pour relier différents lieux de la commune.

Après deux heures d’échange, Léa, Simon et Guénolé retrouvent Guillaume, prêt à leur lire le fruit de son travail de l’après-midi. Les yeux sur son ordinateur et le doigt en l’air, il joue toutes les voix de ce morceau théâtral où se rencontrent des personnages en quête de saints, de saintes et de légendes. L’humour, le second degré, les touches décalées ou politiques donnent le ton, le rythme, une direction que les trois auditeurs accueillent avec enthousiasme. C’est cet extrait qu’il présentera le lendemain aux troupes amateurs, à l’occasion d’une réunion publique pour présenter le ParadiseFest aux curieux et former des équipes de travail entre costume, décor, cuisine, jardin. Mais d’ici là, les quatre membres de l’École Parallèle Imaginaire ont encore des rencontres au programme.

DSCF0463

Alors que le soleil est couché, nous partons à quelques kilomètres de Remouillé pour assister à une répétition du groupe de batucada de l’école de musique d’Aigrefeuille-sur-Maine. Rassemblés dans une petite salle, les neufs musiciens nous accueillent dans les rires et les plaisanteries, surpris aussi qu’on vienne en nombre les écouter. Simon prend le temps de leur parler du projet, de la fête et de l’idée qu’ils ont d’utiliser la batucada pour amener les participants à se déplacer, de fragments et fragments.

Caisses claires, surdos, agogos font résonner la pièce, le couloir et se font entendre jusqu’au parking que les quatre membres de l’École parallèle imaginaire retrouvent après quelques morceaux et où nous nous quittons. Eux n’ont pas encore fini la journée et prennent la direction de Nantes pour une ultime découverte, un concert de Ben Lechapus, habitant de Remouillé rencontré lors de la troisième semaine d’arpentage et bidouilleur musical.

Je ne serai pas là le lendemain, pour ce nouveau jour de rencontre, d’échange et de présentation du projet. Je les retrouverai dans quelques semaines pour continuer d’amorcer cette deuxième partie de la saison : celle où le ParadiseFest émerge, prend forme, s’affine et où toutes ces semaines d’arpentage et de réflexion donnent enfin vie à des créations et à une fête qui transforme une commune, la met en mouvement, rassemble ses habitants.