Monter sur scène, prendre la parole, défendre des opinions, d’égal à égal. Début décembre, 150 collégiens de l’agglomération sont montés sur la Pnyx pour devenir les acteurs et actrices d’une expérience démocratique.
Dans le hall de la salle des Garennes à Saint-Lumine-de-Clisson, la voix des collégiens couvre tout le reste. Pendant quelques secondes, la volume s’adoucit pourtant pour écouter la consigne : il faut enlever ses chaussures avant d’entrer en scène, ou plutôt dans le carré de lumière dans lequel les attendent les deux comédiens de Joue ta Pnyx !. Les jeunes franchissent alors la porte de la salle où Rachel et Pierre-François de la compagnie Les Guêpes Rouges, vêtus de côtes bleues, les accueillent pour une expérience théâtrale de la démocratie.
Pendant 90 minutes, la cinquantaine de collégiens s’attèle à questionner l’engagement, la participation, la voix, les choix, les droits. Cette performance participative les replonge d’abord aux racines athéniennes de la démocratie, sur la colline de la Pnyx où se discutaient en groupe les questions de la cité. Mais était-elle si démocratique, cette assemblée ?
Entre théâtre, chorégraphie, parole et jeu de lumière, dans une scénographie qui se transforme et où les blocs évoluent comme leurs questionnements, les collégiens sont invités à proposer, jouer, réinventer la démocratie. D’égal à égal avec les comédiens, ils sont dans la lumière, ont la parole, observés par les seuls spectateurs de cette représentation, leurs accompagnants, installés hors de cet espace de réflexion et d’expression.
En petits groupes, ils sont aussi invités à se concerter, sans forcément se connaître, à réfléchir, structurer, s’organiser pour faire émerger des solutions. Alors ils prennent la parole, se passent le micro, se répondent, s’attaquent aux sujets du pouvoir, des minorités, de la représentation. Pierre-François et Rachel rythment le temps, cadrent, minutent et font évoluer petit à petit le récit entre humour, poésie et politique.
Au terme de la deuxième partie du spectacle, et avant de s’attaquer à un sujet d’actualité en grande et véritable assemblée, Rachel prend le temps de résumer en direct les échanges nés dans le vif, dans la réponse, nés d’une possibilité de réfléchir ensemble et de dire ce qu’on pense à voix haute.
C’est gênant. Est-ce qu’on fait un shifumi pour se répartir la parole entre nous ? C’est pas facile, tout le monde n’est pas d’accord, on a des choix différents. Non, personne ne va respecter la règle, ça fait peur c’est la panique ça peut provoquer des pertes de mots, de moyens. On n’est jamais d’accord à 100% avec les gens. Est-ce qu’il faut être violent pour se faire entendre ?
Au milieu de ces questions, vous avez été capable de trouver de la ressource, d’imaginer des premières règles d’organisation possibles. Alors ouvrons ce chantier et organisons-nous. On s’organise. D’abord, c’est important de prendre la parole, il faut aider, ne pas se moquer de ceux qui ne la prennent pas facilement, leur dire : aie confiance. Il faudrait un minuteur et on prend la parole à tour de rôle.
On s’organise, on argumente pour que tout le monde puisse faire un choix. Chacun parle et chacun doit écouter les autres. On cherche les arguments, dans les journaux, dans les médias et après on essaie de trouver une solution pour que tout le monde soit d’accord. C’est important de prendre la parole. On essaie de trouver un terrain d’entente, de raisonner les gens.
On vote à main levée, comme ça on sera tous égaux. Alors on s’organise. Il faudrait essayer de mettre tout le monde d’accord, qu’un maximum de gens soit content d’un monde plus juste. C’est pas facile, ça fait peur, c’est la panique, c’est important de prendre la parole. Aie confiance en toi.
On peut porter nos idées, dans des manifestations, dans des conférences. Si on se fait entendre de façon violente, on ne sera jamais d’accord. Alors on s’organise. On met des pancartes, on met des choses sur les réseaux sociaux, on se rassemble sur des places. C’est important de prendre la parole. On essaie de trouver un terrain d’entente.