Avant leur week-end anniversaire près de leur chapiteau installé parc du Plessis, des membres de la compagnie Madame Suzie se sont amusés à proposer aux Aigrefeuillais quelques micro-shows : de petites formes qu’ils aiment déplacer dans des lieux insolites et jusqu’à la piscine Aqua’val Maine qui en accueillait deux en juin.
Il y a quelques jours, un musicien venait s’installer sur un promontoire de la piscine. Comme si l’élément cylindrique était fait pour lui, Daniel l’a transformé en petite scène, juste à l’abri des éclaboussures, juste assez proche pour que les bébés nageurs du matin puissent profiter de ses airs. C’était le premier des deux impromptus imaginés par Madame Suzie à Aqua’val Maine, qui accueillait 10 jours plus tard cinq nouveaux musiciens dans ses bassins.
Mais à 17h30, à 30 minutes du début de leur micro-show, les cinq musiciens restent cachés derrière une porte. L’ouvrir c’est tomber pêle-mêle sur un accordéon, un trombone, des piles Energizer, des Kinder Buenos, des amplis Micro cube et ce qui ressemble à de faux citrons. Les cinq artistes et amis se remémorent les accords, les variations, jouent quelques notes, se rappellent le timing, le déroulé et surtout enfilent leur tenue. Car à 18h pile, ils entrent en scène.
Moi en solo, et vous sous l’eau
Ensemble au bord du bassin ludique, lunettes de plongée vissées sur la tête, ils fredonnent un premier air et le public d’enfants et de parents se rapproche rapidement, naturellement, comme si ce concert était attendu. Deux minutes, les premiers applaudissements puis chacun part de son côté. Florent propose trois titres à un jeune nageur assis à côté de sa mère. Il choisit Une bonne nouvelle et Florent lui interprète avec son sourire et les yeux dans les yeux le titre de Mathieu Boogaerts. La main gauche sur l’accordéon, l’autre pour marquer le rythme et sa voix. De l’autre côté, dans le bassin sportif, Sébastien termine Le Bistrot de Brassens en suivant d’un pas croisé la longueur d’un nageur qui l’applaudit en battant des pieds pour ne pas couler. Au milieu de la piscine, dans l’alcôve que forme l’espace détente, Sandra, Héléna et Corinne entonnent des airs à trois voix et deux ukuleles pour des amies qui se détendent dans le bain à bulle du Spa.
À la brasse, à la basse
Une demi-heure est déjà passée, il est temps de se retrouver pour une nouvelle composition tous ensemble. Cette fois avec un trombone, un petit ampli, une basse qu’ils transportent avec précaution du pédiluve aux vestiaires. Enfants, parents, arrivants ou partants partagent ce moment doucement étonnant dans une acoustique hors du commun.
Seul, en duo, en trio ou en groupe, les musiciens reprennent leur “brigade”, explorent les recoins de la piscine, des lignes de nages à la pataugeoire. Sébastien fait participer les sportifs au chœur de son Slave to love alors qu’ils se reposent de leurs longueurs, les mains accrochées aux plongeoirs. Il rejoint Florent qui chantonne à l’oreille d’un bébé blotti dans sa serviette pendant que Sandra et Hélèna s’assoient dans le hall pour fredonner des comptines aux enfants qui s’apprêtent à rentrer chez eux.
Ça va, il n’y a pas eu trop de longueurs ?
Il est déjà 19h45, l’heure du final. En quelques minutes, le fond mobile du grand bassin remonte à la surface et se transforme en scène pour le quintet, installé sur des tapis de mousse. Ils interprètent un set dansant pour les nageurs juste devant eux, mais aussi pour ceux qui s’installent autour du bassin ou assis sur les plongeoirs. Certains tapent en rythme sur leurs planches de nages, d’autres écoutent attentivement. Le concert se finit en apothéose par le titre Fat Bottomed Girls, l’occasion pour les musiciens de se déshabiller petit à petit et de suivre Sébastien qui, palmes aux pieds, se jette le premier à l’eau sous les applaudissements, les claquements de frites et les jets d’eau.