Carnet de repérages #1

Premiers pas à La Haye-Fouassière : planter le décor

Ce rapport est le premier du carnet de repérages établi par Lila Tobosco, script du studio de cinéma Espèces d’Espaces, dans le cadre du prochain tournage de Pippo Taleggio à La Haye-Fouassière. 

Rapport de Lila Tobosco, script.
Mardi 12 novembre, La Haye Fouassière.

En ce mardi, aux environs de 9h, notre petite équipée s’extirpe du périphérique nantais pour gagner le vignoble attenant, sud-Loire. A bord, côté passager, Pippo Taleggio, le réalisateur-vedette d’Espèces d’Espaces Production, son blouson de cuir à la coupe impeccable (italienne bien-sûr), et son accent chantant venu tout droit du Piémont. Au volant, Ruben Sanchez, son fidèle assistant-réal, bonnet enfoncé sur le front, un thermos de tisane fumante à portée de main. Et moi, Lila Tobosco, script, embauchée pour faire la chronique de cette nouvelle exploration. A la sortie 2b, nous quittons la deux fois deux voies Nantes-Cholet, passant devant le rond-point de l’Espace, sa soucoupe et ses fameux cosmonautes de ciment, pour rejoindre notre destination finale : La Haye-Fouassière.

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Qu’est-ce qui attire Pippo Taleggio au cœur des vignes, dans cette petite bourgade tranquille du vignoble, à quelques encablures de Nantes ? Un bourg comme il en existe plein, avec son église au centre du village, sa gare de chemin de fer, la Sèvre Nantaise qui s’écoule en contrebas, et, dépassant de l’horizon un château d’eau bleu azur. Sur les terres alentours, une dizaine de vignerons, aux noms de Vinet, Landron, Delhommeau établis depuis plusieurs générations, s’attachent à faire jaillir de la terre un vin blanc d’ici, au nom de Muscadet. Le décor est planté.

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Ici commencent nos recherches. Comme avant chaque tournage, il s’agit de passer en mode repérages. Imaginer les plans, inventorier les décors potentiels, rechercher des figurants locaux, laisser courir son esprit par monts et par vaux. Fidèle à son rituel, Pippo inaugure l’un de ses inéluctables carnets Moleskine, couverture en simili-cuir noir. 

Après une visite de courtoisie à la mairie, nous voilà partis arpenter le bourg. D’anciennes bâtisses avoisinent des bâtiments récemment rénovés ; les enseignes des commerces se répondent de chaque côté de la chaussée ; le panneau lumineux annonce les prochaines animations de la commune. Place Pirmil, nous sommes frappés par l’odeur persistante de gâteau. L’usine LU, toute proche, diffuse presque 24h/24 (et selon la direction du vent) les effluves du célèbre petit-beurre.

Quelques coups de fil bien placés nous ouvrent les portes de figures locales. Nous reprenons la voiture direction le domaine de la Louvetrie, où nous rencontrons Hélène, dernière génération de la famille Landron. Le vin, une histoire qui se raconte. Dans sa bouche, les cépages sont exotiques, les astres bercent la vigne, les pierres ont un goût. 

Entre deux averses, nous nous hasardons dans les hauteurs du Breil à la recherche d’un point de vue, d’une lumière. L’automne nous a pris de court. Les feuilles dorées sont tombées, laissant apparaître les ceps décharnés, agrippés au fil de fer. Pippo Taleggio, appareil photo vissé à la paupière, se perd dans les vignes à travers l’objectif. Une nuée d’oiseaux zèbre le ciel, il règne ici une atmosphère particulière…

Dans ces premiers jours de repérages, il est permis d’errer, d’aller à la pêche aux anecdotes, de tromper le temps en conjectures et en cafés serrés, de faire fonctionner à plein régime la machine à histoires. Où cela nous mènera-t-il ? Nul ne le sait encore. Le scénario reste à écrire.

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