Raconter des histoires, faire passer des émotions sans dire un mot. Pendant leur troisième atelier avec Marie Bout, 24 élèves du collège Saint-Gabriel de Haute-Goulaine ont expérimenté le corps, ce qu’il dit et ce qu’il peut transmettre.
Lorsque j’arrive dans le froid du collège Saint-Gabriel de Haute-Goulaine, tous les collégiens sont déjà en cours. Je traverse rapidement la cour centrale et ses rangées de vélos pour me réchauffer dans la salle polyvalente où les tables et les chaises ont été poussées au mur en quelques secondes par les 24 élèves de 4eC. Rassemblés au centre, ils ont commencé à s’échauffer, à se réchauffer. Marie Bout fait partie du cercle. La comédienne les invite à se mettre en mouvement, à prendre l’espace. La timidité, la réserve s’estompent petit à petit face à la simplicité, la franchise, les discussions entre la comédienne et les collégiens.
C’est le troisième atelier auquel ils participent. La comédienne rennaise, qui travaille en lien avec la compagnie à autour de leur spectacle La Conquête, va les amener petit à petit à découvrir le théâtre d’objet et à imaginer une création qui sera présentée le 16 mai prochain au Quatrain.
“Avant de passer aux mots, puis aux objets, on commence par le corps”.
La pause arrive vite. La sonnerie réalisée par un élève retentit et signale la récréation. Mais les collégiens choisissent d’eux-mêmes, sans le dire, de se réunir pour continuer un exercice et proposer une nouvelle scène aux trois spectatrices du jour, Marie Bout, Carmen Morales (professeure d’Espagnol) et Marika Bohorquez (documentaliste).
Au retour de la pause, Marie leur propose d’écrire des partitions en groupe, d’imaginer en quelques minutes deux versions d’une saynète, la première jouée le plus simplement possible, la deuxième avec une intention plus marquée.
“Qu’est-ce qu’ils racontent, ces corps ensemble ?”
Les collégiens se prêtent à l’exercice avec envie, jouent, rejouent, éclaircissent, clarifient le propos, armés seulement de leur corps. Ils forment des scènes, distribuent les rôles, s’amusent d’un mariage à deux issue, d’une revanche de domestiques sur leur maitresse, évoquent l’exclusion et la réconciliation.
Les propositions sont étonnantes, enthousiasmantes, et donnent envie à Marie de faire des expériences. Alors elle relance la marche, propose des gestes, les questionne sur l’intention, ce que ça leur fait ressentir, leur demande de choisir, de mélanger les démarches pour créer des scènes à plusieurs, de figer le mouvement.
La sonnerie retentit de nouveau, cette fois pour marquer la fin de l’atelier. La salle polyvalente transformée le temps d’une matinée en scène est redevenue une salle de classe et Marie quitte les collégiens. Elle les retrouvera deux jours plus tard pour poursuivre leurs expérimentations communes, et pour les amener petit à petit à ajouter des mots, des objets à leur travail sur le corps.