S'affirmer

Récit d'un atelier de danse avec Meritxell Checa et Les Sauvages

Ce récit est le cinquième d’une série d’articles qui racontent la création d’une troupe de danse amateur sénior : Les Sauvages. Encadrés par Meritxell Checa, danseuse-chorégraphe installée à Boussay, ils entrent dans un processus de création chorégraphique pour donner vie à un spectacle présenté en juin 2024.

Les costumes patientent sur les cintres, les accessoires jonchent le sol, le compositeur musical donne le rythme. À deux semaines de se dévoiler, Meritxell Checa et Les Sauvages accentuent les mouvements, travaillent les émotions, resserrent les fragments et peaufinent les détails de leur création.

25 sur 30.

Un mélange de rires, de questions, de mains levées, quelques chuts aussi. En entrant dans la salle de la Bola, on pourrait croire que la matinée d’atelier a commencé depuis des heures. Pourtant, assis en cercle, les Sauvages ne se sont pas encore échauffées. En discussion : les costumes, les accessoires, la musique aussi avec Étienne Gaillochet, compositeur musical du spectacle. Et surtout la danse, ou plutôt ce qui se passe entre chaque fragment : les entrées, les sorties, les repères musicaux. Tout devient très précis. Des parties disparaissent, se resserrent aussi. Tout s’affine, se peaufine.

Il faut se charger, garder les pieds ancrés dans le sol, tenir le regard.

Parfois, les discussions se croisent, s’interfèrent et il vaut alors mieux se lever pour reprendre ensemble les chorégraphies de leurs points de départ, matérialisés au sol par des croix de scotch. On s’arrête sur des parties distinctes, qui ont chacune leur intensité, leur émotion, leur force. Puis Les Sauvages travaillent à passer de l’une à l’autre. Se charger, bousculer, tenir le regard, garder les pieds ancrés dans le sol ou au contraire osciller doucement, retenir les mouvements, garder en soi, contenir. 

On va s’échauffer peut-être ?

Au milieu d’un rubik’s cube, d’un transistor ou d’un grand pied lumineux disposés aux quatre coins de la pièce, les Sauvages se mettent en position et finalement, en rond, s’échauffent dans l’harmonie sonore habituelle avant que la répétition ne succède à l’échauffement sans le dire. Au son de percussions rythmées, Meritxell invite à des mouvements saccadés mais pas raides, en dissociant les jambes et les bras, en créant des moments de complicité. 

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Étienne dévoile l’instrumentale yéyé qu’il a composé à la main, instrument par instrument, pour le spectacle. Il détaille les indices qui signifient les tops. On y entend un gong suivi d’un thérémine qui lance le décompte avant l’entrée des deux premiers danseurs.

Debout au centre de la pièce, Étienne martèle le rythme en claquements de doigts, en mouvements de pieds, en onomatopées pour faciliter la compréhension et les Sauvages se lancent une première fois, une deuxième, une troisième.

Pendant la pause, certaines ont enfilé une partie des tenues préparées par la costumière Peggy Housset, ont plongé la main dans le coffre à bijoux, ont ajouté un béret 70s avant de revenir de l’autre côté pour un nouveau filage.

Le calme se fait, le spectacle commence au doux son d’un cours d’eau. Etienne et Meritxell ont leur carnet en main, Les Sauvages sont concentrés, attentifs, dans leur élément.