Récit d’un atelier d’enregistrement sonore avec des élèves de CM2 de l’école Charles Gifard de La Haye-Fouassière, dans le cadre du projet Un p’tit vélo dans la tête de Kat Lucas (FotoSonor).
Un tapis rouge, des micros et des histoires à partager : à l’école Charles Gifard de La Haye-Fouassière, des élèves de CM2 accompagnés par Kat Lucas (FotoSonor) ont exploré le passé, le présent et le futur avec un simple vélo.
Et ça, est-ce que vous savez à quoi ça sert ? Sous les poutres vertes, dans un coin de la grande salle vitrée qui donne sur la cour de récré de l’école Charles Gifard, Thomas, Tiago, Alice, Olivia, Tess et Raphaël viennent de s’asseoir sur le tapis rouge. Thomas, excité de participer à l’atelier d’enregistrement sonore de Kat Lucas répond rapidement : c’est un casque, pour nous entendre quand on va parler dans le micro ! C’est d’ailleurs lui, déjà debout, qui s’installera en premier derrière le pied pour prendre la parole et raconter un parcours à vélo qu’il connaît bien. Mais d’abord, on fait le silence. Top, on enregistre.
Gauche, droite, et voilà, il est arrivé à l’école. C’est concret, direct. Face à lui, Tiago se lève à son tour. Il ajuste le micro et se lance. Il parle avec ses bras, sourit, s’amuse de son invention. Car son vélo à lui ne s’arrête pas à l’école. Il file jusqu’à Brooklyn, où l’attend un match de basket. Les anecdotes plus ou moins réelles, les histoires heureuses comme les plus douloureuses sont captées par Kat Lucas. Tess réanime le souvenir d’un soleil imprévisible, de sa tête contre le bitume, d’une dent cassée toujours conservée dans une petite boîte alors qu’Olivia fait revivre les dangers du vélo dans une véranda les yeux fermés.
Devant moi j’ai le cimetière. Je vais tout droit, tout droit, au rond-point je vais tout droit et je suis arrivé.
Raphaël
Et après les souvenirs, Kat les projette dans l’avenir. À quoi ressemblera leur commune dans 70 ans ? Toutes et tous y ont réfléchi, ont même dessiné un plan et le décrivent au micro. “Dans 70 ans. La place du marché sera toujours là. Et il y aura un musée de nous, qui racontera comment on vivait” assure Tiago.
Après la sonnerie, le petit groupe retrouve la salle de classe où le reste des élèves de CM2 dessine, écrit, travaille, la tête penchée sur leurs œuvres de pixel art. Suivre les cases, les couleurs, trouver des astuces pour se repérer en faisant des petits points en guise de brouillon, chacun expérimente sa technique pour remplir sa grille dessinée représentant des cyclistes cramponnés à leur guidon.
Pendant ce temps, un autre groupe à rejoint la salle d’enregistrement de Kat Lucas. Les corps sont plus détendus, même allongés au sol pour écouter avec sourire Romane qui raconte sa projection dans une commune de La Haye-Fouassière transformée en ville Harry Potter.
Super U ce sera Super Harry, la Place Pirmil deviendra la Place Hermione et il y aura un magasin Harry Potter sur le rond point.
Romane
Son voisin, lui, imagine un vélo du futur qui aura du succès, sans aucun doute : un vélo superposé. “Il y aura un vélo ancien en dessous et un nouveau au-dessus. On fera pédaler celui du dessus et ça fera avancer celui du dessous”. Et il y aura trois selles, évidemment. Mais comment monter ? Comment faire une pause pour boire un coup ? demandent ses collègues. Pas de problème, avec une échelle. La limite entre réalité et imaginaire s’efface doucement. Et pourtant, sa voisine clôt le moment par une anecdote bien réelle, où se croisent un dromadaire, un chameau, et… son vélo, abandonné dans un fossé.
Dans cette salle comme il y a quelques semaines au CH Delaroche, le vélo est un point de départ, une clé pour ouvrir des discussions, échanger des souvenirs et, toujours, finir dans un éclat de rire.
