Se soutenir

Récit d'un atelier de danse avec Meritxell Checa et Les Sauvages

Ce récit est le quatrième d’une série d’articles qui racontent la création d’une troupe de danse amateur sénior : Les Sauvages. Encadrés par Meritxell Checa, danseuse-chorégraphe installée à Boussay, ils entrent dans un processus de création chorégraphique pour donner vie à un spectacle présenté en juin 2024.

Travailler en groupe, avoir conscience de la partition, être là pour l’autre. Pendant une nouvelle matinée de répétition, les danseuses et le danseur accompagnés par Meritxell Checa ont pour la première fois assemblé leur création. Un premier filage marqué par l’absence d’une Sauvage pour qui le reste de la troupe dansera dans quelques jours.

21 sur 30.

Quand toutes et tous se rassemblent autour de Meritxell dans la salle de la Bola encore plus lumineuse qu’à l’habitude, la chorégraphe détaille le mot de la matinée : filage. L’objectif de ces quatre heures est, pour la première fois, de danser le spectacle du début à la fin. Un cap à franchir avant trois semaines de pause et la dernière ligne droite.

Mais avant, Les Sauvages prennent le temps de revenir sur les premiers morceaux de chorégraphies jouées en public. C’était beau à voir, mais un peu bordélique, on n’était pas très alignés. L’occasion pour Meritxell de parler de la nécessité de rester concentré, de s’adapter au lieu, notamment en extérieur, quand l’énergie s’éparpille.

Les erreurs, c’est pas grave mais il faut garder l’intention. Il faut rester dedans, résoudre la situation dans le présent. Ce qu’on crée ensemble c’est plus fort que votre partition. Il faut que vous soyez là, avec les autres et pour les autres.

Pour les autres et notamment une Sauvage absente, dans les pensées de toutes et tous. C’est pour elle que le reste du groupe se met en mouvement ce matin et travaille une chorégraphie du spectacle qu’ils iront lui présenter dans quelques jours. Un morceau dans lequel les pas glissent, les bras s’ouvrent comme pour tenir l’univers, les postures prennent vie, s’arrêtent, repartent et accélèrent, les successions de soli se ponctuent des tourbillonnements de Meritxell. Au son de l’eau ou de boucles de guitares, les pas, les mouvements de hanche, les cadences, les caresses, les duos improvisés se terminent par un bel applaudissement partagé comme pour une véritable fin de spectacle.

DSCF4294

On est des sauvages ou on n’est pas des sauvages ?

Chocolat, pomme, crackers, banane, la pause est bienvenue. Mais le spectacle reste dans les têtes et les conversations. Alain et Danielle s’entrainent à se lâcher au bon moment, Agnès sort de son sac des pièces de vêtements qui pourraient servir de costume, Meritxell distribue au groupe la feuille qui résume la conduite du spectacle.

– On l’a vu son solo ?
– Oui on l’a vu  !
– Ah oui mais ça remonte !

On commence par la nature, zapping, Sylvie perdue dans l’espace, gadget, Martine en solo, music hall avec la chanson de Martine… La liste des parties est impressionnante et témoigne du travail accompli depuis 21 séances.

On fera ça propre, mais là on fait ça olé olé. C’est pas grave. On file ! On improvise, on lance quelque chose, on avance. 

Alors le filage commence. Les visages sont concentrés, attentifs aux temps, aux tops, aux autres. Les chorégraphies se rassemblent, toniques ou douces, dans le silence ou les rythmes yéyés, des soli parlés, rythmés, chantés ponctuent les fragments en troupe dans un mélange des genres à leur image : singulier, varié et rassemblé.