Partir d’une feuille blanche, ou plutôt d’un tableau blanc. Assis en arc de cercle dans le CDI du collège Cacault à Clisson, 30 élèves de 4eD se sont mis à l’imagination pour projeter leurs envies et entamer leur travail de création théâtrale avec la compagnie Les Guêpes rouges.
Ils se connaissent encore peu. Ils se sont vus une première fois en classe, puis une deuxième, pour la représentation de Joue ta pnyx pendant laquelle ils ont été acteurs et actrices de la démocratie. C’était hier. Alors, aujourd’hui, face aux deux comédiens, ils ont commencé par en parler.
– Qu’est-ce que ça vous a fait ? De prendre la parole devant tout le monde ?
– C’était agréable, j’ai bien aimé.
– Ça nous a permis d’échanger avec des élèves de l’autre classe présente et de participer librement.
Une élève moins à l’aise ose quand même prendre la parole.
– Moi, ça m’a fait peur. Je n’ai pas passé un bon moment.
La trentaine d’élèves échange, parle de ses ressentis.
– Quels moments vous ont le plus marqués ?
– Quand des élèves sont exclus, privés de parole. J’ai ressenti de la colère.
– La scène finale où on danse tous ensemble.
J’aurais aimé jouer une déesse moi !
Rachel, metteuse en scène de la compagnie, leur confesse que cette représentation fait partie des plus intéressantes qu’elle ait pu donner.
– Ce n’est pas tous les jours que des gens de votre âge sont dans un rapport de personne à personne comme ça. Vous vous êtes vraiment emparés du sujet. On a été impressionné par la richesse, la profondeur de vos réflexions.
Une conversation enthousiasmante avant de passer à la suite : se mettre à l’imagination.
Car les trente élèves et la compagnie Les Guêpes rouges ont pour objectif de commencer à définir, écrire, faire émerger le projet, la forme qu’ils présenteront au printemps prochain devant d’autres classes engagées dans le projet d’éducation artistique et culturelle T au Théâtre dans le cadre de la saison de Topo(s).
– On y réfléchit tous ensemble. Ensuite, petit à petit au long de l’année, on échangera à distance sur nos réflexions, nos avancées, et début mai prochain, on se retrouve pour passer dix jours ensemble et véritablement donner forme à notre création.
Le cadre est posé. Et il est très large. Pour guider les réflexions, Rachel et Pierre-François leur posent une question :
– Qu’est-ce qu’il faut, pour faire un spectacle ?
Les mains se lèvent rapidement. La discussion prend forme naturellement.
Un thème, pour commencer.
– L’écologie !
– On en parle déjà toute l’année.
– Le futur, alors ! Ca permet d’en parler mais pas que.
Des comédiens, évidemment.
– Ce serait bien s’il n’y avait pas d’acteur principal, qu’on soit tous au même niveau.
– Et puis si on jouait nos propres rôles ! Jouer à partir de ce qu’on est.
– Et on pourrait faire participer les spectateurs ?
Des textes, aussi. L’occasion pour Rachel de parler du théâtre, du processus de création, d’écriture de plateau. Le tableau blanc se remplit et, en une petite heure, des lignes ressortent déjà.
La sonnerie de la fin du cours résonne dans le CDI, il faut déjà se quitter.
– Vous continuez à réfléchir à affiner, vous nous envoyez des propositions, et nous on vous fait des vidéos en réponse pour vous dire ce qu’on en pense, vous donner des pistes.
Quelques photos du tableau blanc pour se rappeler de tout avant de l’effacer.
– Il faut bien qu’on pense à écouter des musiques joyeuses comme ils ont dit, pour se redonner de l’entrain, s’encourager.
En quelques secondes, le tableau est redevenu blanc, le CDI calme. Et le projet est véritablement lancé.