Projeter l'espace

Récit d'un nouvel atelier de création avec la compagnie Les Guêpes Rouges

Passer d’une salle de classe à une scène de théâtre. À la fois auteurs, comédiens et metteurs en scène, les collégiens de 4eD du collège Cacault à Clisson ont peaufiné leur création avec la compagnie Les Guêpes Rouges avant d’enfin la présenter au Quatrain.

Ici c’est la scène, là le public. Dans la salle de classe où travaillent aujourd’hui les 4eD du collège Cacault à Clisson, l’heure est à la projection. Dans trois jours, ils monteront sur la scène du Quatrain à Haute-Goulaine pour présenter devant les autres classes engagées dans le dispositif T au théâtre le résultat de leur création avec la compagnie Les Guêpes Rouges. Mais pour l’heure, Jade donne le go. Ou plutôt le “3-4” qui lance la chanson qui clôturera leur représentation, à plusieurs, crescendo et “toujours le poing levé”. 

Après la récréation, la classe se divise en actes. Dans le CDI, l’acte 1 répète face à une enseignante qui interprète tous les rôles manquants. Juste à côté, les personnages de l’acte 2 attendent tour à tour le stylo vert pour écrire leurs revendications sur des pancartes en carton. L’acte 3 reste en classe, assis sur des chaises, alignés comme les gradins du théâtre avec ses allées et ses bouts de rangées. Les collégiens travaillent leur intervention, des fragments de scène qui ne font pas encore sens pour un spectateur extérieur.

Mais quelques minutes plus tard, toute la classe se rassemble pour jouer la pièce du début à la fin. Une représentation en forme de braquage qui prend à partie le public pour l’engager contre le réchauffement climatique. Chacun entre en un instant dans son rôle. Les morceaux s’imbriquent, la pièce se dévoile. Pierre-François et Rachel de la compagnie Les Guêpes Rouges guident, aiguillent, conseillent, mais laissent surtout la parole aux collégiens qui s’impliquent dans le jeu, le timing, le texte.

Parler dans le micro, s’engager, garder son sérieux, mettre du rythme, améliorer chaque chorégraphie, donner du réel, peaufiner à chaque passage. Une fois, deux fois, trois fois. Une véritable écriture de plateau sur lequel ils montent enfin le mardi suivant, le texte parfaitement en tête et prêt à montrer l’aboutissement d’un travail commencé en décembre et surtout ces dernières semaines pendant de véritables résidences de création.

L’excitation est palpable, le stress aussi. Mais les deux membres des Guêpes Rouges qui les ont accompagnés jusque-là prennent aussi leur rôle à cœur. Plus habitués des grandes salles, ils les amènent à trouver leur marque, à prendre l’espace, à répéter une dernière fois en portant bien la voix, en accentuant les gestes pour faire passer l’émotion, le message. Les spectateurs entrent, les lumières s’éteignent et se rallument sur scène.

La pièce commence et rencontre son public. Les rires arrivent au bon moment, les réactions attendues fonctionnent et les applaudissements sont soutenus au moment où tous viennent saluer. L’aboutissement du projet est arrivée et les collégiens, à la fois auteurs, metteurs en scène et comédiens de Braquer le présent peuvent enfin relâcher la pression et profiter de la joie d’avoir partagé ce moment de création.

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