S'apprivoiser

Récit d'un atelier de danse avec Meritxell Checa et Les Sauvages

Ce récit est le premier d’une série d’articles qui racontent la création d’une troupe de danse amateur sénior : Les Sauvages. Encadrés par Meritxell Checa, danseuse-chorégraphe installée à Boussay, ils entrent petit à petit dans un processus de création chorégraphique pour donner vie à un spectacle présenté en juin 2024.

Comment créer une œuvre ensemble ? Imaginer une chorégraphie où chacun trouve sa place ? Mener une expérience dansée collective ?

Pour débuter une année de création avec des danseuses et danseurs seniors, Meritxell Checa a doucement amené les corps et les sensibilités à s’approcher, se croiser et se connaitre.

3 sur 30.
Ce jeudi, à quelques jours de l’automne, une douzaine de femmes et un homme se sont réunies dans la salle de La Bola à Clisson pour leur troisième matinée de création.
Accompagnées par la danseuse et chorégraphe Meritxell Checa, ce groupe de Sauvages va créer toute l’année une œuvre à leur image, celle de seniors qui dansent, qui veulent sortir de leur zone de confort et qui même à 70 ans ont encore des choses à dire et à faire.

Elles (et il) seront 20 au total. Certaines se connaissent, d’autres moins. Alors c’est assis qu’on commence par accueillir les nouveaux visages, imprimer les prénoms.
Quelques mots et les corps se mettent doucement en mouvement. Sur les mélodies envoûtantes de Timber Timbre, Meritxell guide la respiration, les gestes, les oscillations. La musique s’accélère petit à petit, le volume sonore augmente, des rires naissent et naturellement, sans à-coup, l’atmosphère change.

Avec simplicité, Meritxell les amène alors à se rapprocher, deux par deux, à se toucher, à sentir l’autre, se coordonner seulement avec les yeux. De belles chorégraphies en duo naissent d’un équilibre trouvé, d’un rapport de confiance, d’un début de lâcher prise.
C’est aussi ce que Meritxell leur demande quelques minutes plus tard, après une pause pour visionner des vidéos qui l’inspirent, marquées par des attitudes désinhibées de boite de nuit ou par un ballet seventies dans lequel des gestes loufoques deviennent des chorégraphies millimétrées.

En entrant au centre du cercle au son de Summer 68 de Pink Floyd, chacune est invitée à tenter, expérimenter des gestes, des pas, des mouvements que toutes reprennent en cœur.
Une manière d’amorcer une chorégraphie mais surtout de se connaître, de faire naître un groupe, d’amener sans forcer à se libérer.
À se dévoiler un peu aussi, comme elles le feront en fin de séance en exposant comme elles le veulent un fragment de ce qu’elles sont : un objet, un souvenir, une danse, une langue, pour s’apprivoiser et commencer sans le dire à créer ensemble.

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