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Récit d'un atelier de danse avec Meritxell Checa et Les Sauvages

Ce récit est le deuxième d’une série d’articles qui racontent la création d’une troupe de danse amateur sénior : Les Sauvages. Encadrés par Meritxell Checa, danseuse-chorégraphe installée à Boussay, ils entrent dans un processus de création chorégraphique pour donner vie à un spectacle présenté en juin 2024.

Après une dizaine de matinées de danse, les Sauvages menés par la chorégraphe Meritxell Checa forment un véritable groupe qui compose et crée ensemble.

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Lorsque j’arrive, j’entre dans l’ambiance. Les sonorités folks résonnent déjà et inondent la pièce au moment où les corps commencent à se mouvoir. 15 danseuses et 1 danseur seniors membres des Sauvages s’échauffent en cercle au centre duquel Meritxell Checa guide les mouvements.

Naturellement, elle les invite à poursuivre la danse par une chorégraphie travaillée ces dernières semaines. Poings cassés, basculement de la hanche et du coude, poitrine qui s’étire en arrière, bras qui s’ouvrent, mains qui traversent le visage. Les mouvements ponctués par des déplacements cadencés, confiants, assurés, témoignent de l’évolution du projet depuis les premiers ateliers de septembre. L’osmose, la cohésion, l’entraide se ressentent aussi.

Quelques danseuses ouvrent leurs carnets, posés à l’entrée de la salle à côté de leurs lunettes et de leurs gourdes. Elles y ont inscrit des notes, des croquis qui décomposent les chorégraphies, récapitulent les enchaînements, chacune dans son langage. 

Debouts dans la salle de la Bola de Clisson, deux groupes se reforment. Les corps figés font le pendule, basculent d’un pied à l’autre et pivotent à des tempos différents. On n’entend plus que le bruit des pas et quelques murmures 1-2-1-2. Les visages sont concentrés. À chaque fin de chorégraphie, quand Meritxell stoppe les mouvements ou éteint la musique, le relâchement soudain fait naître des rires spontanés, des discussions joyeuses, des accolades.

La chorégraphe évoque un morceau du spectacle travaillé par groupes autour de poses assises et synchronisées. En quelques secondes, sans qu’elle le demande, les danseuses et le danseur se rassemblent dans leurs coins, se remémorent les enchaînements, s’approprient les tabourets pour improviser des répétitions. La chorégraphe recadre, resserre, aiguille, affine ces fragments avant de les faire s’enchaîner comme sur une scène, face au public, en entrant du fond de la salle et en repartant de l’autre côté.

En deux lignes décalées, Meritxell propose une nouvelle chorégraphie. La consigne est simple : vous mangez quelque chose qui vous fait du bien. Ça se diffuse, la sensation vous envahit puis vous traverse. La Ballade de Melody Nelson de Serge Gainsbourg accompagne cette vague de plaisir qui prend forme petit à petit et que sept volontaires auront la consigne de rompre de manière inattendue.

La pause, pourtant bienvenue, se transforme en un temps pour répéter en autonomie, avec une banane ou un thermos de café à la main. Puis des groupes se reforment, encore différents, pour reprendre une chorégraphie figurative où des danseuses s’inspirent des mouvements de lavages de vêtements, courbés au sol comme à un lavoir.

Certaines essorent en duo, trois autres s’agitent comme le tambour d’une machine à laver dans une douce transe. Devant, Alain se tend, se perd, titube avant d’être secouru par Murielle qui l’invite dans la valse de son enfance. Les Sauvages se succèdent dans cette danse tournoyante, se rejoignent en synchronisant leurs pas, se quittent et se rassemblent.

Avant de finir la matinée, Meritxell leur propose de rassembler tous les morceaux, de relier les chorégraphies créées. Un véritable filage de ces fragments imaginés depuis quelques semaines et qui, enchaînés les uns avec les autres, dévoilent un embryon de la création qui sera dévoilée au mois de juin prochain.