À Monnières comme à Haute-Goulaine une semaine plus tôt, habitants et curieux ont pu redécouvrir des lieux patrimoniaux avant de questionner l’avenir avec la compagnie des Guêpes Rouges. Retour sur un après-midi pour se replonger dans l’histoire d’un village et écrire une nouvelle page ensemble.
Il est un peu plus de 14h quand Charlène Gauvart accueille une poignée de curieux à Monnières, à quelques pas de la salle où ils assisteront et participeront ensuite à une représentation de Cartographies de l’avenir. En 45 minutes, la guide-conférencière du Pays d’Art et d’Histoire anime cette balade-flash pour découvrir et parcourir le village du pont. Elle nous invite à remonter en 1815, à descendre près de la Sèvre et à imaginer ce bourg de marchands, de meuniers et meunières qui donneront leur nom à la commune. Elle nous replonge aussi en 1983, date à laquelle la crue à fait monter l’eau jusqu’aux arches de l’impressionnant pont en pierre qui nous surplombe.
Et c’est d’ailleurs pour éviter la crue, ou plutôt la pluie, que le spectacle Cartographies de l’avenir ne se fera pas un peu plus haut autour du four à pain, abandonné, reconstruit puis rallumé en 1993, 70 ans après sa dernière fournée par la volonté d’une poignée d’habitants de faire revivre ce commun de village.
Alors après avoir parlé de plume d’oie roussie pour connaître la température du four avant d’y faire cuire du pain, c’est à la salle des colibris que nous remontons et sommes accueillis par Krystel et Rachel de la compagnie Les Guêpes Rouges. Un scotch fluo avec son nom, une question : est-ce que, pendant la durée du spectacle, on peut se tutoyer ? et tous entrent et s’installent de chaque côté de la longue table pour assister et participer à Cartographies de l’avenir.
Cartes en main, Rachel interroge, écoute, fait le lien. 20 questions, deux questions boomerang, tour à tour intime, désagréable, difficile ou importante.
De quelle couleur est l’avenir ?
Que vous reste-t-il à faire ?
Elle convoque des amis : Vladimir, Gérard, Mark Twain ou Jean-Paul Sartre, distribue des mots de René Char à lire comme des haïkus, deux fois, puis à poser sur la table, là où Krystel note les mots, les phrases et trace le récit de ce moment partagé.
Au bout de quelque temps, Rachel offre une première pause musicale pour se déplacer, lire, changer de perception sur ce qui s’écrit petit à petit sur la table. Puis elle reprend le fil, simplement. Après une heure d’échange doux et franc à la fois, Rachel retrace en quelques minutes l’histoire qui s’est écrite ensemble.
Anouk, plus jeune participante, raconte à la sortie :
D’habitude je suis plutôt réservé pendant les spectacles, mais là j’ai été contente d’avoir réussi à communiquer. J’aime bien les spectacles comme ça où on participe, avec des questions auxquelles tout le monde peut répondre, sur nos pensées, sur ce qu’on ressent. Ça donne envie de voir l’avenir.
Le ressenti d’Anouk semble partagé. Il est la conclusion d’un après-midi qui a remué en douceur des sujets aussi personnels que notre avenir, nos rêves, ce qui nous retient pour nous amener en poésie à nous donner ou nous redonner l’envie d’agir.