Tomber le masque

Rencontre avec Prisca Cassard, professeure de français au collège Saint-Gabriel de Haute-Goulaine

Devant ses élèves, dans les gradins d’un théâtre, sur le parquet d’une salle de danse, l’art la suit partout. Après une matinée de cours, Prisca Cassard, professeure de français au collège Saint-Gabriel de Haute-Goulaine, a pris le temps de me parler de ses passions et de son envie de les transmettre.

Cet échange est le deuxième d’une série de portraits qui part à la rencontre d’habitants de l’agglomération à travers leur passion, leur vie, leur travail et leur rapport à ce territoire.

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L’art vous a suivi tout au long de votre parcours, d’où vient cette passion ?

Le théâtre, la danse sont indispensables dans ma vie. Je fais de la danse depuis toute petite. J’ai découvert le théâtre au collège grâce à un prof de français passionnant. Aujourd’hui, c’est moi qui essaie de le transmettre à mon tour.

Qu’est-ce qu’apporte le théâtre ?

C’est un super tremplin pour les élèves : un moyen pour exorciser les choses, se libérer, s’ouvrir aux autres. C’est exceptionnel. La lecture, l’écriture peuvent l’être, mais jouer c’est beaucoup plus fort. Ici, on sent que les élèves ont vraiment envie de faire du théâtre même si souvent au départ ils sont dans des choses très stéréotypées qu’il faut épurer, revoir, repenser. On a même des futurs régisseurs, de vrais passionnés.

Comment mettez-vous à profit votre passion ?

J’anime un atelier théâtre deux heures par semaine. Entre la rentrée et la fin de l’année, il y a de vrais changements. Quand des profils introvertis se mettent d’un coup face aux autres, assument qui ils sont, prennent la parole, c’est une véritable fierté.

Quel travail menez-vous avec vos élèves cette année dans le cadre de Topo(s) ?

On a deux dynamiques différentes autour du spectacle La Conquête de la compagnie à. L’un avec Marie Bout, qui fait du théâtre d’objet avec des élèves de 4e et accompagnés de trois professeurs. Moi, je suis en atelier avec un professeur d’art plastique et le marionnettiste Philippe Rodriguez avec des élèves de 3e. On est dans le bread & puppet : une manifestation théâtralisée. Les comédiens sont manipulateurs, chanteurs, acteurs. On est parti de ce que les élèves veulent transmettre en travaillant sur le storyboard, avec des marionnettes miniatures à échelle, puis on va écrire un scénario avant de passer aux marionnettes grandeur nature. On avait envie que ça devienne leur manifestation avec leurs envies, leurs revendications.

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Ces ateliers sont aussi des moments importants pour les enseignants ?

Ce sont des rencontres incroyables. Par exemple, je ne connaissais pas du tout le métier de marionnettiste. Ça me nourrit, il m’apporte plein de choses. Tous les professeurs investis dans ce projet avaient envie de le faire personnellement, pédagogiquement ils se disaient que ça pouvait être intéressant, et puis humainement, être avec les élèves dans un autre contexte, c’est tellement bénéfique. Dans ces moments-là, on n’est pas dans le même rapport, on est tous en train de faire tomber les masques. On n’est pas prof, pas élève, on est des gens qui essaient de créer un projet ensemble, sur un pied d’égalité.

Comment percevez-vous le projet Topo(s) ?

Je suis impatiente de voir les différentes restitutions. J’ai notamment suivi l’avancée du projet avec l’École Parallèle Imaginaire. J’ai hâte de voir ce que ça va donner et ce qu’ils vont trouver. C’est ça ce qui m’épate avec les artistes : ils arrivent dans une région, on se demande ce qu’ils cherchent, où ils vont et puis d’un seul coup ça s’éclaire !

Quel rapport avez-vous avec cette région ?

Je la connais bien car j’ai passé une bonne partie de mon enfance à Vertou, d’où sont originaires ma mère et mes grands-parents, avec un passé vigneron. Mon mari y est aussi producteur de pommes, il est vraiment enraciné ! Ce qui fait sens ici pour moi, c’est qu’on n’est pas dans l’agglomération nantaise. C’est la scission de la ville et de la campagne. Ce n’est pas le même rythme. Il y a l’eau, la Sèvre, c’est quelque chose de suspendu. On va se balader, remonter la rivière, prendre le temps.

Y a-t-il des coins que vous aimeriez faire découvrir ?

Il y a des endroits magnifiques sur les bords de Sèvre, notamment vers Aigrefeuille-sur-Maine, où j’ai découvert des bâtiments abandonnés en suivant la rive. Il y a aussi une petite plage campagnarde sur la commune de Vertou, à la Ville Bachelier, une maison avec une sorte d’arche et des lames de bois. Quand j’y passe, j’ai juste envie de me poser là et d’admirer.

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