Ce récit est le troisième d’une série d’articles qui racontent la naissance du spectacle de danse Circulations de la compagnie Yvann Alexandre pendant des résidences dans les Ehpads du territoire.
Découvrez aussi les portraits de résidents avec les danseuses et danseurs pris pendant cette résidence.
Entre ciel bleu, nuages et averses, entre dedans et dehors, entre répétitions et échanges avec les résidents, Claire, Lucie, Mathilde, Yvann, Jérémie et Hugo ont fait naître Circulations pendant une dernière semaine de création à l’Ehpad du Bon Vieux Temps à Gorges.
Ce matin, dans les couloirs du Bon Vieux Temps, la journée commence par un moment de recueillement. Une résidente est partie, une de celles qui aimait partager, transmettre, s’ouvrir, comme il y a deux ans quand elle rencontrait les artistes de l’École parallèle imaginaire, en quête d’histoires autour de Gorges.
Heureusement, le soleil est là et accueille quelques instants plus tard Yvann, Lucie, Mathilde, Claire, Hugo et Jérémie pour leur quatrième et dernier jour de résidence. Alors on laisse entrer la lumière, on ouvre les vitres, et rapidement on sort. Des chaises beiges ont été installées autour du jardin en contrebas du petit chemin de rosiers et d’arbustes qui borde les chambres des résidents. Quelques guirlandes de fanions et trois arbres pour repères, comme dans le pré de Sèvre dans lequel les danseuses dévoileront Circulations dans deux semaines. Ici, c’est en avant-première que les résidents et enfants invités le découvriront cet après-midi
Jérémie lance la composition sonore, Hugo filme, Yvann note et au milieu, sur l’herbe, Lucie, Mathilde et Claire s’élancent doucement. Au fond, quelques promeneurs de chiens et habitants curieux s’arrêtent sur le chemin alors que les danseuses se rapprochent, se frôlent, s’effleurent aux sons de pointillements électros en échos, de bruissements de nature, de gongs étouffés. On reprend, on lance des tops, on répète et on s’arrête pour échanger sur la terrasse ensoleillée.
J’aimerais que les gens vivent ce spectacle comme une expérience d’une extrême douceur. J’aimerais qu’ils soient dans un moment contemplatif, qu’ils s’attachent à chacune d’entre vous mais qu’il y ait comme une vraie histoire d’amour quand vous vous rassemblez.
Le temps est plus gris quand Lucie, Mathilde, Claire retournent sur leur scène naturelle pour un nouveau filage. Les sourires entre elles sont toujours là. Des lignes, des formes, des regroupements, des soli et des pièces ensemble. Des marches, des courses, des mouvements séparés et quelques moments d’autant plus forts quand elles ne font plus qu’une au centre du triangle.
Midi arrive vite et après la pause, les danseuses reprennent leur chorégraphie dans les couloirs de l’Ehpad, autour de la rotonde du premier étage et jusque dans une chambre. Hugo filme en les suivant, Yvann discute avec les soignants et visiteurs qui, curieux, ont envie d’en voir plus.
Dans le jardin, les résidentes et résidents commencent doucement à descendre le chemin qui mène au lieu de représentation. Sur la route, certains prennent un chapeau, d’autres se suffisent d’un prospectus comme casquette, en espérant que le temps se maintienne jusqu’au bout. Des élèves arrivent, discutent avec des résidents avec lesquels ils ont déjà partagé des moments d’échange puis s’assoient sur l’herbe au plus proche avant que le spectacle commence.
Les trois danseuses arrivent chacune de leur côté et se lancent. Les mouvements de bras, les pièces en duo, les corps s’enchevêtrent, se quittent et se retrouvent avant de se pencher une dernière fois devant le public qui applaudit chaudement ce moment doux et suspendu. Un temps partagé entre danseuses, élèves et résidents de l’Ehpad qui se termine en musique et en goûter avec simplicité, comme une envie de prolonger l’instant.